La peau est notre première barrière de protection, elle représente notre limite avec le monde extérieur et dans le même temps, elle porte une fonction d’échange et de communication non-verbale avec ce dernier.
Les études en psychologie montrent l’importance des échanges « peau à peau » dans les premiers jours de vie de tout individu (Zaoui-Grattepanche, 2018) mais aussi tout au long de l’enfance dans le développement du sentiment de sécurité interne et d’estime de soi (Anzieu, 1990).
Jusqu’à l’âge adulte, l’image de soi renvoyée par autrui participe à la construction de notre identité (chevelure, pilosité, autres critères de beauté comme le bronzage…).
Par ailleurs, réprimer ses émotions favoriserait l’expression de celles-ci à travers le corps et particulièrement la peau (Chastaing et Misery, 2016).
- Influence du psychisme sur les maladies dermatologiques
L’origine psychique de certaines atteintes maladies cutanées sont connues depuis plusieurs décennies (Van Moffaert, 1992). Citons les dermatoses d’origine strictement psychique (pathomimie, syndrome d’Ekbom, trichotillomanies…), les dermatoses qui peuvent être déclenchées et/ou aggravées par des facteurs psychologiques (urticaires chroniques, pelades, psoriasis…) et enfin les dermatoses modifiées par le stress (psoriaris, dermatites séborrhéiques…) (Koblenzer, 1983).
Des interactions entre psoriasis et troubles de l’humeur (anxiété, dépression) ont été démontrées (Connor, 2015). Les troubles de l’humeur interviennent dans l’apparition d’une inflammation cutanée chronique et d’un retard de cicatrisation.
La pratique dermatologique révèle l’existence de relations étroites entre le psychisme et les maladies du cuir chevelu (d’une part influence du psychisme sur le déclenchement et l’évolutivité de la maladie, et d’autre part retentissement psychologique de l’affection) (Chastaing M. 2016). Le stress ou les troubles psychiques modifient les propriétés du cheveu et peuvent révéler certaines maladies comme la pelade.
La souffrance psychique des personnes atteintes de trichotillomanie (arrachage compulsif des cheveux) est grande. On retrouve dans ce comportement, une origine psychique mais le sentiment de honte ou d’incompréhension peuvent pousser le patient à dissimuler sa conduite et la demande adressée au dermatologue tourne autour de la réparation des lésions provoquées. Ce dernier ne peut traiter l’origine du trouble et l’association avec des consultations psychologiques permet alors de résoudre les causes et les conséquences de la trichotillomanie.
L’onychotillomanie, relativement fréquente en dermatologie, fait partie des troubles obsessionnels compulsifs. Une prise en charge bienveillante et pluridisciplinaire dermatologique et psychologique est nécessaire.
- Influence de techniques psychothérapiques sur l’évolution des dermatoses chroniques
Des travaux montrent les bénéfices de la méditation de pleine conscience sur des dermatoses inflammatoires telles que l’eczéma, le psoriasis et l’urticaire chronique (Michel, 2018). Ces maladies cutanées chroniques ont un lourd impact sur l’humeur, l’anxiété et la qualité de vie. La pleine conscience pourrait améliorer le vécu de la maladie, mais aussi agir sur des facteurs immunitaires sous-jacents.
D’autres publications prouvent l’intérêt des nouvelles psychothérapies (TCC dites de 3ème vague) en dermatologie (Michel 2018). Leur point commun étant l’acceptation de tout ce qui se présente à soi. La thérapie ACT (acceptation et engagement) est la plus utile dans la prise en charge des personnes présentant des dermatoses chroniques invalidantes. L’objectif est la construction d’une vie pleine de sens tout en acceptant toutes sensations inhérentes à celle-ci. Les outils utilisés permettent de s’investir dans des actions engagées dans le présent. Ces thérapies ont été reconnues pour diminuer la souffrance ressentie par les patients, mais aussi les paramètres neurologiques ou biologiques.
- Influence des maladies dermatologiques sur le psychisme
Les affections dermatologiques ou du cuir chevelu peuvent altérer la construction psychique de l’image de soi et peuvent blesser durablement l’estime de soi.
Par exemple, le patient atteint de pelade se trouve confronté à la symbolique forte de la perte de cheveux qui est socialement associée à la maladie grave ou au vieillissement. Le stress engendré peut causer des poussées (phases de crise) de la maladie, c’est le cercle vicieux.
Les effets secondaires dermatologiques (folliculite, érythème ou xérose) d’un traitement médical peuvent également avoir un impact délétère sur la qualité de vie des patients avec une incidence sur la gestion de la vie quotidienne, les loisirs et un isolement social. Les auteurs montrent qu’un suivi médical rapproché permettrait de préserver émotionnellement les patients (Charles et al, 2013).
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Nous avons vu que les pathologies dermatologiques et le psychisme ont des intrications complexes, les unes pouvant être consécutivement la cause et la conséquence de l’autre.
Certains centres de soins proposent des consultations pluridisciplinaires où dermatologue et psychologue considèrent le patient dans sa globalité (Revelli et al, 2002).
Le pôle santé Arthur Rimbaud propose des parcours coordonnés de soins alliant des consultations médicales avec Dr Marchal, Dermatologue.
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Auteurs : Dr Anaïs Marchal
Sources
Anzieu, D. (1990). Le Moi-Peau. Paris : Dunod.
Charles, C. et al. (2013). Impact des toxicités cutanées associées aux thérapies ciblées sur la qualité de vie. Résultats d’une étude pilote longitudinale. Bulletin du Cancer; 100 : 213-22.
Chastaing M, Misery L. (2016). Les maladies du cuir chevelu et le psychisme. Annales de Dermatologie et de Venereologie. 143, 397-403.
Chastaing, M. et Misery, L. (2016). Les maladies du cuir chevelu et le psychisme. In Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (Vol. 143, No. 5, pp. 397-403). Elsevier Masson.
Koblenzer, C. (1983). Psychosomatic concepts in dermatology. Vol2, n°3, pp.183-187.
Michel L. (2018). Pleine conscience et dermatoses inflammatoires : psoriasis, urticaire idiopathique et dermatite atopique. Images en dermatologie. XI(6), 227-230.
Revelli, C., Pichon, M., Cambazard, F., Pellet, J. et Misery, L. (2002). Consultation dermato-psychiatrique. Annales de Dermatologie et de Venereologie, 129(5), 742.
Seznac J.C. (2018). La trichotillomanie : une addiction comportementale. Images en dermatologie. XI(6), 222-224.
Seznac J.C. (2018). Nouvelles psychothérapies : intérêt en dermatologie des TCC dites de 3ème vague. Images en dermatologie. XI(6), 231-234.
Van Moffaert, M. (1992). Psychodermatology : an overview. Psychother Psychosom, 58 : 125-36.
Zaoui-Grattepanche, C., Kuhn, P., Pierrat, V., Allen, A., Audeoud, F., Bouvard, C., … & Duboz, M. A. (2018). Le portage des nouveau-nés en peau à peau. Perfectionnement en pédiatrie, 1(2), 100-107.